Dans le bureau de… Thomas Bouchet, UX writer et traducteur chez Lydia Solutions

Dans le bureau de… Thomas Bouchet, UX writer et traducteur chez Lydia Solutions

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Dans le bureau de… Thomas Bouchet, UX writer et traducteur chez Lydia Solutions

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« Dans le bureau de… » est notre première série d’articles destinés à vous plonger dans la vraie vie de celles et ceux qui font de l’UX writing et du Content design. UX writers, Content designers, Product marketing managers… mais aussi Product designers et Product managers adeptes de l’approche content-first.
  • Des profils variés qui partagent leur vie (et leur avis) sans filtre
  • Un format portrait en 10 questions + une boîte à outils
  • Du contenu pratique : rituels, ressources, contacts…

« À quoi ressemble le quotidien des UX writers ? »

C’est la question qu’on reçoit le plus souvent.

Alors, pour vous répondre, nous avons joué une nouvelle fois les petites souris et nous sommes glissées dans le bureau de Thomas Bouchet, UX writer et traducteur chez Lydia Solutions.

Je vois l’UX writing comme la porte d’à côté [de la traduction] où, au lieu de faire le pont entre différentes langues au sens traditionnel du terme, on fait le pont entre notre langue en interne et celle du client, entre la volonté produit et ce qui convient à l’utilisateur.

Si tout le monde parle de l’actualité de Lydia Solutions en ce moment (bonjour, Sumeria 👋), chez Lorem, cela faisait un moment que nous voulions mettre en lumière le profil de Thomas, qui nous prouve que l’UX writing est une compétence pluridisciplinaire et accessible à toutes les personnes qui se passionnent pour l’ingénierie des mots.

Thomas est :

  • un féru de langues
  • un coordinateur hors-pair
  • un passionné d’architecture… de l’information 🏗️

Attiré par les mots depuis son plus jeune âge, il a développé sa fibre littéraire au fil du temps, et surtout sa culture design et produit pour concevoir le content system d’une app’ aux nombreux enjeux.

📖 Bonne lecture !

Comment expliques-tu ton job d’UX writer à une personne qui n’y connaît rien (ou presque) ?

Ça dépend, j’ai combien de minutes  ? 😄

La version (trop) courte : j’aime dire que nous sommes « Ingénieurs en mots ». C’est poétique, non ?

La version longue : je fais la traduction, la relecture et l’UX writing chez Lydia Solutions. Je traduis vers l’anglais les app’, les sites Internet, les messages du service client, l’e-mailing et le manuel. Je relis aussi la version française et la retravaille pour la rendre plus concise, pour chasser les fautes, vérifier que tout le monde utilise les bons termes, etc. Côté UX writing, je supervise l’écriture du contenu textuel de nos applications, en aidant les designers mais aussi les autres équipes à bien rédiger et structurer les informations pour que l’app’ soit facile et agréable à utiliser.

En général, j’en reste là, même si ça me brûle les lèvres de ne pas parler du content system dont j’ai aussi la charge ! 😄

Tu voulais faire quoi quand tu étais petit ?

J’ai très vite eu envie de devenir traducteur ou interprète de conférence.

Plus tard, le thème de la justice m’a aussi beaucoup intéressé. Je voulais devenir avocat pour rendre le monde un peu plus juste. Eh oui, rien que ça  ! 😄

Mais en fin de compte, je suis revenu sur les langues et l’écriture, en débutant avec la traduction pragmatique - c’est-à-dire tout ce qui n’est pas traduction d’édition. Pour autant, je n’avais pas vraiment la fibre littéraire , ce qui peut paraître contre-intuitif.

Comment es-tu devenu UX writer ?

Je suis devenu UX writer par le biais de la traduction.

Le véritable point de départ, c’est ma passion pour les langues. Ma famille est française mais j’ai grandi en Angleterre où l’anglais a été ma première langue, avant même d’apprendre le français, que j’ai appris à mon arrivée en France. Je pense que cette enfance a nourri ma passion pour les langues et m’a poussé à étudier le mandarin au lycée, puis à aller vivre en Iran pour y apprendre le persan. Autant de mondes, de cultures, de façons de réfléchir et de manières de voir le monde, et dont la langue est la porte d’entrée.

La traduction permet de faire des ponts : traduire non pas des mots, mais des idées. D’ailleurs, à mon humble avis, la différence entre traduction et localisation est mince : une bonne traduction c’est de facto de la localisation.

Ainsi, je vois aussi l’UX writing comme la porte d’à côté où, au lieu de faire le pont entre différentes langues au sens traditionnel du terme, on fait le pont entre notre langue en interne et celle du client, entre la volonté produit et ce qui convient à l’utilisateur.

Je suis arrivé en alternance chez Lydia Solutions en tant que traducteur. J’ai eu le plaisir et la chance d’avoir été l’apprenti d’Alice Mouton, qui était l’UX writer de la boîte. C’est elle qui a posé les fondations du content system de Lydia Solutions. Lorsqu’Alice est partie vers une autre aventure, et en voyant mon intérêt pour le design et l’architecture des mots et de l’information, notre VP Design Felix Lepoutre m’a encouragé à reprendre le flambeau de l’UX writing. C’est ce que j’ai fait de fil en aiguille, en essayant toujours d’enrichir mon approche des enseignements tirés de la traduction.

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Le vrai bureau de Thomas Bouchet ☝️

 

As-tu des rituels en tant qu’UX writer ?

Mon rituel préféré, c’est notre design weekly. Tous les jeudis, l’équipe design se réunit pour s’entraider, s’échanger du feedback et se challenger. Puisque mon rôle est d’élaborer, d’actualiser et de faire infuser le content system dans toute la boîte, ces weeklies sont des moments privilégiés pour prêcher la bonne parole auprès de celles et ceux qui conçoivent directement le contenu de l’app’ : les designers. Nos échanges sont toujours constructifs et me permettent de constamment actualiser notre content system.

Petit fun fact : en traduction, on appelle les content system des « style guides ». Vous pouvez en voir un exemple en cherchant « code de rédaction interinstitutionnel union européenne » sur Internet. Vous tomberez sur 324 pages. Celles et ceux qui rédigent des contenus n’ont qu’à bien se tenir ! 😄

Il y a un sujet qui t’a fait galérer (un peu, beaucoup…) mais dont tu as appris en tant qu’UX writer ?

La coordination entre équipes  ! Surtout en venant de la traduction.

Les traducteurs et traductrices ont un peu tendance à être dans leur coin, en tout cas bien plus qu’en UX writing. Alors qu’on s’entende bien : le cliché des traducteurs reclus à longueur de journée dans leurs grottes est faux. Les traducteurs et traductrices collaborent au quotidien avec d’autres personnes.

Mais pour avoir un pied dans ces deux mondes, je dois bien avouer que la coordination entre les équipes en UX writing, c’est un niveau au-dessus. C’est obligatoire  ! Faire vivre un content system, ce n’est pas simplement une collaboration avec les designers. Par exemple, je dois tout autant prêcher la bonne parole du content system auprès des Product owners pour la mise à jour technique des contenus, qu’auprès du CRM pour les campagnes d’e-mailing et les messages affichés dans l’app, ou encore auprès des experts du service client pour la structuration et la rédaction des articles du manuel d’utilisation.

Il y a quoi dans ta boîte à outils pour travailler ou collaborer en tant qu’UX writer ?

J’utilise plusieurs outils tous les jours :

  • Phrase, pour la localisation de nos applications, mais aussi l’ajustement des wordings français.
  • Figma (à la surprise générale 😄), pour collaborer avec les designers, valider les designs et contenus rédigés avant qu’ils ne soient envoyés aux développeurs et développeuses, créer des maquettes pour le content system. Ou encore pour me représenter un segment de texte sur lequel je travaille dans Phrase quand le nom ou le contenu de la clé ne me permettent pas de visualiser suffisamment le parcours en question.
  • Slack, pour la communication projet entre équipes, ainsi que pour la diffusion des guidelines en interne.
  • Notion, pour le content system et toute la documentation en général.
  • La suite Google (surtout Google Docs, Google Sheets et Google Drive), pour collaborer avec les équipes service client et CRM.
  • Des appareils mobiles de test sur tous les OS, pour manipuler les applications dans environnement de test. Voir les wordings en situation réelle est indispensable, ne serait-ce que pour des questions d’affichage ou de nombre de caractères !
  • Antidote, pour la révision. C’est un outil très puissant qui conquiert complètement le monde de la traduction depuis deux décennies, bien avant l’avènement de l’IA. Je le recommande à tous les UX writers  ! En tout cas moi, je ne pourrais pas m’en passer. J’espère que les traducteur et traductrices ne m’en voudront pas d’avoir révélé au grand jour cette pépite 😄

Qui LA personne sur qui tu peux toujours compter pour t’aider ou te challenger en tant qu’UX writer ?

Sans hésiter : Felix Lepoutre, notre VP Design. Son expérience est inestimable ! Ses conseils sont toujours en plein dans le mille, et il a un regard « d’architecte » sur les choses, ce qui me parle et m’aide à progresser en tant que « technicien » des mots et de l’information.

J’aime aussi consulter Jean-Baptiste Récolet, notre Content manager qui s’occupe des sites et du blog. Il est à mon avis la plus fine plume de Lydia Solutions !

Tu trouves qu’il y a un sujet dont on ne parle pas assez en UX writing/Content design ?

Pour poursuivre sur le thème de la coordination entre équipes, je dirais que la coopération avec les développeurs et les développeuses est un sujet que j’ai été le premier à sous-estimer pendant longtemps. Bien sûr, ça dépend du contexte et du produit, mais Lydia Solutions est, au final, un ensemble de produits très complets avec beaucoup d’enjeux techniques au niveau du back-end.

Par exemple, un sujet qui peut paraître dérisoire mais sur lequel on n’a pas le droit à l’erreur quand on est dans le secteur bancaire : la typographie sur les nombres. Ça passe, entre autres, par l’insertion des bonnes espaces insécables dans les variables, et ça, c’est bien souvent entre les mains des développeurs et développeuses.

Plus généralement, s’assurer de la faisabilité et des contraintes techniques en amont des itérations sur Figma peut faire gagner un temps précieux, aux designers, à moi-même et aux développeurs et développeuses.

Quel est l’argument que tu avances pour aligner tout le monde chez Lydia sur le contenu UX ?

La mission de Lydia Solutions est de traduire le monde complexe de la banque et des finances personnelles en une langue et en une expérience naturelles et intelligibles. C’est une philosophie qui nous anime toutes et tous dans nos périmètres respectifs. Donc, je dirais que c’est l’argument implacable qui met tout le monde d’accord, quelque soit son périmètre.

Si j’arrive à démontrer le lien entre ma recommandation et notre vision directrice, alors j’ai gagné !

En résumé : se forcer à remettre constamment au centre de sa réflexion la USP (Unique Selling Proposition) originelle du produit, qu’on peut parfois perdre de vue au fil des itérations .

Un conseil de pro pour une personne qui voudrait se lancer en UX writing ou Content design ?

Fais taire le syndrome de l’imposteur qui sommeille en toi  ! Si tu envisages l’UX writing, c’est que tu as des bases solides en écriture. Et c’est tout ce qui compte, car en étudiant le profil des uns et des autres, tu te rendras compte qu’il n’y a pas de parcours type .

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Merci à Thomas de s’être prêté au jeu du portrait d’UX writer 🙌

Des UX writers que vous aimeriez découvrir ici ? N’hésitez pas à nous suggérer des noms, nous sommes toutes ouïes 😀

➡️ Dans la même série, découvrez le portrait de Camille Bourjade, Content designer & Spécialiste Content ops freelance.