Dans le bureau de… Romain Bigache, Lead Content designer freelance chez BforBank

Dans le bureau de… Romain Bigache, Lead Content designer freelance chez BforBank

Dans le bureau de Romain Bigache, Content designer

Dans le bureau de… Romain Bigache, Lead Content designer freelance chez BforBank

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« Dans le bureau de… » est notre première série d’articles destinés à vous plonger dans la vraie vie de celles et ceux qui font de l’UX writing et du Content design. UX writers, Content designers, Product marketing managers… mais aussi Product designers et Product managers adeptes de l’approche content-first.
  • Des profils variés qui partagent leur vie (et leur avis) sans filtre
  • Un format portrait en 10 questions + une boîte à outils
  • Du contenu pratique : rituels, ressources, contacts…

« À quoi ressemble le quotidien des UX writers ? »

C’est LA question qu’on reçoit le plus souvent.

Pour vous répondre, nous nous sommes invitées dans un nouveau bureau, celui de Romain Bigache, Lead Content designer freelance chez BforBank.

Chevalier, agent secret ou… romain (oui, oui, de Rome), Romain (le vrai, celui dont on parle) a débuté sa carrière professionnelle dans la construction de maisons en bois. Bien éloigné du Content design ! Mais deux métiers dont il arrive à voir des similitudes.

Comment passe-t-on de charpentier à Content designer ? Découvrez son parcours dans la première partie de son portrait.

Dans la seconde partie, Romain partage son quotidien, entre rituels, collaboration, outils et IA. Avec une bonne dose de militantisme comme on aime !

Je compare toujours le Content design à construire une maison. Si on ne sait pas combien de personnes vont y vivre ni leurs besoins spécifiques, on fait quoi ? Une maison générique. Mais elle risque d’être inadaptée : trop petite pour une famille nombreuse, ou inutilement grande pour un couple.

C’est pareil en design. Si on ne sait pas quel contenu va vivre dans une interface, on fait des suppositions. Résultat : des ajustements à la dernière minute ou un produit mal adapté.

Intégrer le contenu dès le départ permet d’aligner tout le monde sur les besoins réels et d’éviter les mauvaises surprises.

📖 Bonne lecture !

Comment expliques-tu ton job de Content designer à une personne qui n’y connaît rien (ou presque) ?

Pour expliquer ce que fait un Content designer, j’aime partir d’une situation concrète.

Imagine qu’on se rencontre lors d’une soirée et que nos téléphones soient à plat. J’écris mon numéro sur un bout de papier. La manière dont je le note peut totalement changer ton expérience et, surtout, déterminer si tu pourras facilement me rappeler plus tard.

Si j’écris mon numéro tout d’un bloc, comme 0782006753, l’information est là, mais elle manque de lisibilité. Quelques jours plus tard, si tu veux me rappeler, tu pourrais avoir du mal à déchiffrer le numéro s’il est mal écrit ou même oublier mon prénom. Ça peut créer une gêne : « Et si je me trompe de personne ? 😬 » Résultat : tu hésites, et finalement tu ne rappelleras peut-être pas.

En tant qu’UX writer, je vais penser à toi, l’utilisatrice de l’information. Je sépare les chiffres par des espaces : 07 82 00 67 53. Ça rend le numéro plus lisible, plus facile à retenir. J’ajoute aussi mon prénom à côté , comme ça, tu sais tout de suite de qui il s’agit, et ça enlève un potentiel blocage.

Pour aller plus loin, j’ajoute un message personnalisé, comme « Appelle à n’importe quelle heure du jour et de la nuit ! 😉 ». Ce petit ajout crée une connexion plus humaine, rassure et incite à agir. À la fin, tout est clair, simple, et tu te sens à l’aise pour rappeler.

Tu voulais faire quoi quand tu étais petit ?

Quand j’étais enfant, je voulais devenir chevalier, agent secret ou… romain, comme les Romains dans Astérix et Obélix ! Là où tout le monde adorait les Gaulois, moi, je voyais dans les Romains une certaine esthétique, une organisation et une efficacité qui me fascinaient. Même dans un contexte comique, leur rigueur me parlait profondément.

Cette fascination venait sûrement de mes arrière-grands-parents militaires. Ils portaient une quantité impressionnante de médailles, chacune symbolisant du courage ou un engagement fort. Cet univers, avec ses règles strictes et son sens de l’honneur, m’a beaucoup marqué.

En grandissant, je me suis intéressé à l’architecture et à la construction. Si je n’étais pas devenu Content designer, j’aurais probablement voulu être architecte. Imaginer des espaces fonctionnels et harmonieux, où chaque détail compte et répond à un besoin, ça m’a toujours attiré.

Aujourd’hui, je retrouve cette quête d’équilibre dans mon travail. Je cherche toujours à reproduire une forme d’harmonie : un équilibre où le beau, le fonctionnel et le logique se rencontrent naturellement.

Comment es-tu devenu Content designer ?

J’ai commencé dans un domaine très éloigné de ce que je fais aujourd’hui : la construction. Je travaillais avec mon père à fabriquer des maisons en bois dans le Lot. Ce métier, bien que manuel et enrichissant, était mal considéré et peu rémunéré. Mais il m’a appris la rigueur et l’importance de créer quelque chose de solide, des valeurs qui me servent encore aujourd’hui.

En quête de changement – et, soyons honnêtes, de gloire et d’argent – je suis parti à Lille pour reprendre des études en communication politique. Mon ambition ? Travailler dans l’ombre d’hommes politiques. Mais j’ai vite déchanté : le monde politique ressemblait davantage à un cirque qu’à ce que j’imaginais.

J’ai alors exploré d’autres options : d’abord le renseignement militaire, car la géopolitique me fascinait. Mais finalement, je me suis orienté vers la publicité, inspiré par Octave Parango dans le livre 99 francs. Après une école de pub, je suis devenu concepteur-rédacteur.

Mon dernier stage chez Havas Paris était passionnant, mais l’offre salariale à la fin était trop basse pour que je puisse l’accepter. Je me suis donc lancé en freelance pendant deux ans. C’était enrichissant, mais le marché était saturé, et j’ai commencé à chercher des opportunités dans des secteurs émergents.

C’est là que j’ai repéré l’essor des voicebots et des chatbots. Pour moi, les robots représentaient l’avenir, et je voulais absolument en faire partie. Dans ma tête, je me disais : « Les robots vont dominer le monde, nous remplacer… Autant être du bon côté ! 😎 »

En mai 2019, une start-up spécialisée dans le design conversationnel m’a contacté sur LinkedIn pour créer les dialogues d’un voicebot. Quand la CEO m’a demandé si je savais faire ça, j’ai répondu honnêtement : « Je ne sais pas le faire, mais je suis sûr que je peux le faire. » J’ai montré mes travaux, notamment des spots radio, qui étaient des dialogues entre personnages. Cela partageait des similitudes avec l’interaction entre un utilisateur et une machine. Elle m’a fait confiance et m’a transmis les rudiments du design conversationnel et du Content design.

À partir de là, tout s’est enchaîné. J’ai travaillé sur des voicebots, des chatbots, mais aussi sur des projets pour des sites et des applications de grandes entreprises. Et, petit à petit, je suis devenu un expert 💁🏻.

Le bureau de Romain Bigache 👆
Le bureau de Romain Bigache 👆

As-tu des rituels en tant que Content designer ?

Quand je collabore avec une équipe, je n’ai pas de process rigide. Chaque produit et chaque personne sont différents. Ce qui compte, c’est de démarrer par une vraie discussion. J’ai besoin qu’on m’explique clairement le problème ou le parcours à travailler. Être simplement ‘tagué’ avec un ‘fais ci, fais ça’ sans aucun contexte n’a aucun sens et mène rarement à des résultats pertinents.

Je préfère m’adapter à chaque situation avec une approche flexible et basée sur l’échange. L’objectif est que la collaboration soit fluide, que chacun se sente écouté, et que les solutions soient adaptées.

Côté perso, mon cours de JJB (Jiu-Jitsu Brésilien) le lundi matin à 7h est un vrai rituel. Ça me met direct dans le bon rythme pour la semaine. Je pratique six fois par semaine, et c’est bien plus qu’un simple sport : ça m’a appris la rigueur, la gestion des moments tendus, et la patience. Tout ça, ça m’aide autant sur le tatami que dans ma manière de bosser au quotidien.

Il y a un sujet qui t’a fait galérer (un peu, beaucoup…) mais dont tu as appris en tant que Content designer ?

Le plus gros défi que je rencontre en tant que Content designer, c’est de faire reconnaître l’importance de notre rôle. En France, on est encore loin de valoriser pleinement l’impact du contenu UX. Souvent, il est perçu comme un simple ‘plus’ ou une finition. Pourtant, c’est bien plus que ça.

Le contenu, c’est la base. On ne peut pas créer un design fonctionnel si on ne sait pas quel message il doit transmettre ou à quels besoins il doit répondre. Quand on conçoit des microcopies ou des parcours, tout doit être réfléchi pour être clair, efficace et engageant. Et ça, c’est mesurable. Avec un simple A/B test, on peut déjà voir l’impact direct du contenu sur les conversions ou la satisfaction des utilisateurs et utilisatrices. Pourtant, ce n’est pas toujours compris.

Ce manque de reconnaissance vient aussi des recruteurs ou des équipes qui ne connaissent pas bien notre métier. Ça demande beaucoup de pédagogie. Mais c’est aussi ce qui me motive : prouver la valeur du Content design et montrer à quel point un contenu bien pensé peut transformer une expérience.

Il y a quoi dans ta boîte à outils pour travailler ou collaborer en tant que Content designer ?

Dans ma boîte à outils de Content designer, il y a plusieurs essentiels :

  • Figma et FigJam : pour travailler directement sur les interfaces et organiser des ateliers de co-création.
  • Lokalise : indispensable pour gérer les contenus multilingues. Avec chaque texte attaché à une clé, on peut modifier un contenu sans avoir à tout chercher.
  • Antidote : pour la correction et les analyses de lisibilité. Les indices comme le Gunning Fog sont super pratiques pour s’assurer qu’un texte est clair et adapté.
  • Trello : pour suivre les tâches et visualiser l’avancement avec un système Kanban.
  • Mobbin : une bibliothèque d’inspiration qui me permet de découvrir les bonnes pratiques des meilleurs designs.
  • Un carnet et un crayon : parfois, poser des idées sur papier aide à voir les choses différemment.
  • Microphage-1 : mon robot basé sur ChatGPT, qui répond rapidement aux questions sur les guidelines ou les méthodologies et facilite mes collaborations, notamment avec des équipes comme celles de BforBank.

Qui est LA personne sur qui tu peux toujours compter pour t’aider ou te challenger en tant que Content designer ?

En réalité, ce n’est pas une personne, mais un outil que j’ai moi-même conçu : Microphage-1. C’est une version personnalisée de ChatGPT, configurée pour intégrer toutes les guidelines, méthodologies et bonnes pratiques essentielles au content design et à l’UX writing. Je l’ai pensé comme une sorte de ‘mini-moi’, toujours disponible, capable de structurer des idées, d’apporter des réponses précises ou de proposer une perspective extérieure, parfois plus objective, sur un problème.

Son vrai atout ? Il rend les choses simples. Là où un Content Style Guide classique peut être dense ou laborieux à consulter, Microphage-1 le transforme en un outil interactif. Par exemple, dans mes collaborations avec les équipes design de BforBank, il permet aux designers de vérifier rapidement des microcopies, d’appliquer des bonnes pratiques ou de mieux comprendre des méthodologies, sans devoir me solliciter à chaque étape. Ça fluidifie énormément les échanges et assure une cohérence dans tout ce qui est produit.

Évidemment, il ne remplace pas l’humain : il amplifie. C’est un allié qui me pousse à mieux structurer mes idées, à challenger mes réflexions et, parfois, à voir des angles que je n’aurais pas envisagés seul. Ça demande un peu de pratique pour poser les bonnes questions et interpréter les réponses, mais une fois ce réflexe acquis, il devient un partenaire de travail précieux, toujours prêt à aider.

Tu trouves qu’il y a un sujet dont on ne parle pas assez en UX writing/Content design ?

Le problème des imposteurs. Aujourd’hui, beaucoup de gens se disent UX writers ou Content designers sans avoir les compétences nécessaires. Et le pire, c’est qu’ils ou elles sont parfois pris au sérieux. C’est un vrai problème pour notre métier.

Mais le souci vient aussi des recruteurs, qui ne savent pas toujours ce qu’ils recherchent. En France, il n’y a pas encore de standards clairs et très peu de formations reconnues pour ce métier. Résultat : on recrute parfois sur des critères flous, et ça crée de la confusion.

Il faudrait plus de professionnalisation : des formations, des certifications, et une vraie sensibilisation des entreprises à ce que fait un ou une UX writer/Content designer. Ce n’est pas juste écrire : c’est résoudre des problèmes, clarifier des parcours, et améliorer l’expérience utilisateur. Jusqu’à ce que ces points soient mieux compris, notre métier restera sous-estimé.

Quel est l’argument que tu avances pour aligner tout le monde sur le contenu UX ?

Je compare toujours le Content design à construire une maison. Si on ne sait pas combien de personnes vont y vivre ni leurs besoins spécifiques, on fait quoi ? Une maison générique. Mais elle risque d’être inadaptée : trop petite pour une famille nombreuse, ou inutilement grande pour un couple.

C’est pareil en design. Si on ne sait pas quel contenu va vivre dans une interface, on fait des suppositions. Résultat : des ajustements à la dernière minute ou un produit mal adapté.

Intégrer le contenu dès le départ permet d’aligner tout le monde sur les besoins réels et d’éviter les mauvaises surprises.

Un conseil de pro pour une personne qui voudrait se lancer en UX writing ou Content design ?

1. Vérifie si c’est fait pour toi. Le Content design, ce n’est pas juste écrire. C’est résoudre des problèmes, clarifier des parcours, et penser aux utilisateurs et utilisatrices. Si tu n’as pas envie d’aider ou de simplifier, ce sera compliqué.

2. Forme-toi. Que ce soit en autodidacte ou via une formation structurée, il faut apprendre les bases de l’UX design et du Content design. L’important, c’est de pratiquer.

3. Crée ton réseau. Contacte des UX writers ou Content designers sur LinkedIn pour échanger et apprendre de leurs expériences. C’est comme ça que beaucoup ont commencé, et aujourd’hui, ils et elles sont bien installées.

4. Sois curieux. Continue d’apprendre, d’explorer de nouvelles approches et d’affiner tes compétences. L’UX évolue vite : il faut rester à jour.

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Merci à Romain de s’être prêté au jeu du portrait de Content designer !

Des UX writers/Content designers que vous aimeriez découvrir ici ? N’hésitez pas à nous suggérer des noms, nous sommes toutes ouïes ☺️

➡️ Dans la même série, retrouvez les portraits de :

LA ressource conseillée par Romain pour progresser en Content design