Dans le bureau de… Brad Fujimoto, Senior UX writer freelance

Dans le bureau de… Brad Fujimoto, Senior UX writer freelance

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Dans le bureau de… Brad Fujimoto, Senior UX writer freelance

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« Dans le bureau de… » est notre première série d’articles destinés à vous plonger dans la vraie vie de celles et ceux qui font de l’UX writing. UX writers, Content designers, Product marketing managers… mais aussi Product designers et Product managers adeptes de l’approche content-first.

  • Des profils variés qui partagent leur vie (et leur avis) sans filtre
  • Un format portrait en 10 questions + une boîte à outils
  • Du contenu pratique : rituels, ressources, contacts…

« À quoi ressemble le quotidien des UX writers ? »

C’est LA question qu’on reçoit le plus souvent.

Pour vous répondre, nous nous sommes invitées dans un nouveau bureau, celui de Brad Fujimoto, Senior UX writer freelance.

Brad est originaire des États-Unis, de la région de Los Angeles. Il a commencé à apprendre le français à l’âge de 14 ans et, lors de ses années lycée, il s’est envolé pour la France pendant un mois, pour travailler comme animateur dans un centre aéré situé dans un tout petit village de la Somme. Il est vite tombé amoureux de la France... et de la ficelle picarde ! (Même si, depuis, il est devenu végétarien, au grand dam de la Picardie 🌱)

Retour aux États-Unis, où il passe un diplôme de Bachelor of Arts de l’université de Princeton, puis, bien décidé à retourner en France, il obtient un diplôme de MBA à l’HEC Paris.

La suite, Brad nous la raconte dans son portrait 👇

📖 Bonne lecture !

Je pense que nous ne pourrions jamais parler assez d’accessibilité. Je vois encore beaucoup trop d’intitulés de liens génériques comme « En savoir plus », « Lire la suite » ou « Voir tout », qui n’aident pas vraiment les personnes utilisant des lecteurs d’écran à comprendre où ces liens les mèneront. Les liens doivent toujours être aussi descriptifs et explicites que possible, tout en tenant compte de l’espace disponible dans l’interface.

Comment expliques-tu ton job d’UX writer à une personne qui n’y connaît rien (ou presque) ?

Si j'étais dans un train et que la personne assise à côté de moi me demandait ce que je fais dans la vie, je répondrais que j'écris les mots qu'on lit – ou non en entier – lorsqu'on utilise un site web ou une application numérique pour accomplir une tâche.

J'expliquerais que, sans les mots présents dans l'interface, il serait très difficile d'atteindre son objectif, que ce soit, par exemple, pour prendre un rendez-vous chez le médecin ou réserver une chambre d'hôtel.

Les mots que nous écrivons guident à travers l'interface, étape par étape, et contribuent à rendre l'expérience intuitive et facile à utiliser. Notre écriture aide également à éviter les erreurs lors de l'utilisation du produit, ce qui fait gagner du temps et épargne bien des frustrations.

Quand l’UX writing est bien fait, il semble naturel, comme une conversation amicale avec le produit, et passe presque inaperçu !

Je terminerais en disant que l’UX writing consiste à utiliser les mots pour trouver des solutions aux problèmes de design.

Tu voulais faire quoi quand tu étais petit ?

Quand j'étais petit, j'ai voulu être architecte pendant un moment et j'ai aussi rêvé de devenir pilote de ligne.

Puis, en entrant à Princeton, je me souviens avoir choisi l'écriture créative comme spécialisation potentielle en remplissant mon dossier de candidature.

J'ai finalement décidé de suivre la filière pré-médicale dès ma première année. Mon ambition était de devenir dermatologue ou médecin urgentiste (Urgences étant l'une de mes séries préférées).

J'ai fini par changer de spécialisation pour Romance Languages and Literatures, en partie parce que je voulais passer ma troisième année en France, et aussi parce que l'idée de devoir suivre un cours de chimie organique m'intimidait trop !

Comment es-tu devenu UX writer ?

Le chemin qui m'a mené à l’UX writing n'a pas été linéaire.

Après l'université, j'ai déménagé en France et j'ai obtenu mon premier Master à l'Institut Français de la Mode (IFM) en management de la mode et du luxe, avant de décrocher mon MBA à HEC Paris. J'ai ensuite travaillé dans l'industrie du luxe pendant la première partie de ma carrière.

Chez Louis Vuitton, l'une de mes responsabilités était de gérer le compte Twitter français. J'ai eu le plaisir d'écrire la plupart des tweets moi-même, avec l'aide de stagiaires. C'était la première fois que je me faisais payer pour écrire !

J'ai ensuite travaillé plusieurs années à l'IFM en tant que responsable du programme MSc in International Fashion and Luxury Management, avant de décider, fin 2019, que je voulais opérer un grand changement. J'ai été totalement séduit par la tagline « Changez de vie, apprenez à coder » sur le site du Wagon, une véritable preuve du pouvoir des mots ! J'ai fini par quitter mon poste, sans savoir qu'une pandémie était sur le point de bouleverser le monde, pour suivre le bootcamp de développement web du Wagon.

Peu de temps après, j'ai intégré un programme de design UX à GOBELINS Paris, et c'est là que j'ai découvert ma véritable passion pour tout ce qui touche à l'UX. J'ai ensuite poursuivi mes études en UX chez The Design Crew, où j'ai découvert l'existence de l’UX writing. Je n'avais jamais connu cette discipline auparavant, mais j'ai rapidement réalisé qu'elle cochait toutes les cases.

J'ai obtenu ma certification auprès d’UX Content Collective, puis j'ai postulé à un poste d’UX writer chez Qonto. J'ai rejoint l'équipe quelques semaines plus tard.

Le bureau de Brad Fujimoto
Le vrai bureau de Brad 👆

Fun fact : il a un petit chien, baptisé Remember, qui lui tient compagnie lorsqu’il travaille depuis chez lui.

As-tu des rituels en tant qu’UX writer ?

J'apprécie recevoir des retours sur mon travail lors de critiques de contenu, en profitant de l’intelligence collective des autres UX writers, mais aussi de personnes issues d’autres disciplines. Pour que ces critiques soient les plus efficaces possible, je pense qu’elles doivent être programmées suffisamment tôt dans le processus, afin que les ajustements nécessaires puissent être effectués sans créer de sentiment de pression ou de contrainte lié à une date limite.

Un autre rituel que je trouve très précieux est de rencontrer l’équipe tech avant de leur transmettre mon travail. Cela me permet de m’assurer que mes choix de contenu sont techniquement réalisables et bien compris par les personnes qui vont développer la solution. Mes études au Wagon me sont particulièrement utiles dans ces moments-là, car elles m’aident à mieux comprendre ce qui est important pour les développeurs et développeuses (comme l’importance d’éliminer toute ambiguïté au niveau des specs) et à parler un langage commun.

Un autre type de rituel auquel je tiens est mon besoin de toujours laisser une nuit passer avant de livrer mon travail d’UX writing. D’une manière ou d’une autre, le lendemain matin, avec un regard neuf, je repère beaucoup de choses qui m’étaient invisibles quelques heures auparavant. Quand je promène mon chien le matin, mon esprit est reposé (étant une personne du matin), et il m’arrive souvent d’avoir ces petits moments de « ah ah ! » en déambulant dans les rues de Paris.

Il y a un sujet qui t’a fait galérer (un peu, beaucoup…) mais dont tu as appris en tant qu’UX writer ?

Je me souviens d’un projet qui nécessitait une validation juridique ainsi qu’une coordination avec une partie externe, tout cela dans des délais très serrés. Nous avons reçu, à la dernière minute, une demande de notre partenaire externe pour ajouter des mentions légales supplémentaires à l’interface. Avec le Product designer qui travaillait avec moi sur le projet, nous nous sommes installés (virtuellement) ensemble et, en quelques minutes, nous avons trouvé le meilleur endroit et la meilleure façon de communiquer ces informations aux utilisateurs et utilisatrices, tout en mettant à jour l’écran dans Figma en un temps record.

Cette expérience m’a appris à quel point une collaboration simultanée entre UX writers et Product designers peut être précieuse, plutôt qu’un travail réalisé de manière successive ou, pire encore, lorsque l’UX writer est uniquement invité à ajouter le contenu à un écran déjà conçu à la toute fin du processus.

Il y a quoi dans ta boîte à outils pour travailler ou collaborer en tant qu’UX writer ?

  • Des dictionnaires : les dictionnaires sont mes meilleurs amis en tant qu’UX writer ! Je consulte les applications mobiles Larousse et Merriam-Webster au moindre doute, car ce sont les véritables sources de vérité .
  • Figma : au cours de l'année passée, j'ai considérablement amélioré mes compétences sur Figma en suivant une formation en ligne en design UI. Entre autres, j'ai appris à maîtriser l’auto layout et je l’utilise désormais tout le temps ! J’enseigne même des cours de Figma au Wagon dans le cadre de leur formation en Web Design & Webflow.
  • ChatGPT : j’ai un abonnement à ChatGPT Plus. Même si je trouve que ChatGPT est meilleur pour écrire du contenu marketing, je pense qu’il peut aussi être utile pour les UX writers. Je ne l’utilise pas pour l’écriture à proprement parler, mais plutôt pour relire mon français, faire des recherches initiales ou brainstormer.
  • The Chicago Manual of Style : j’aime le consulter dès que j’ai une question sur le style ou la grammaire de l’anglais. Et puisque je suis un fervent adepte de la virgule d’Oxford, je me conforme à leurs directives plutôt qu’à celles d’autres guides concurrents (comme l’AP Stylebook).
  • Slack, Google Meet et Claap : comme j’aime travailler à distance, ces outils sont essentiels pour assurer une communication fluide avec ma clientèle.

Qui est LA personne sur qui tu peux toujours compter pour t’aider ou te challenger en tant qu’UX writer ?

Pendant ma première année chez Qonto, je dépendais directement du Head of Design, car l’équipe UX writing n’avait pas encore de managers. C’était extrêmement enrichissant de le rencontrer chaque semaine lors de nos gembas (one-to-ones), durant lesquels il regardait mon travail et m’aidait à trouver des moyens de l’améliorer. Cela m’a clairement poussé hors de ma zone de confort et m’a permis de grandir en tant que professionnel du design.

Depuis que je suis devenu freelance, je compte également régulièrement sur certaines de mes anciennes collègues de Qonto lorsque j’ai une question ou besoin d’aide. Un grand merci à Apolline, Hanna et Dina  !

Tu trouves qu’il y a un sujet dont on ne parle pas assez en UX writing ?

Je pense que nous ne pourrions jamais parler assez d’accessibilité. Je vois encore beaucoup trop d’intitulés de liens génériques comme « En savoir plus », « Lire la suite » ou « Voir tout », qui n’aident pas vraiment les personnes utilisant des lecteurs d’écran à comprendre où ces liens les mèneront. Les liens doivent toujours être aussi descriptifs et explicites que possible, tout en tenant compte de l’espace disponible dans l’interface.

Un autre problème que je rencontre souvent concerne les textes d’aide placés à droite ou en dessous d’un champ de saisie. Cela signifie que ces mêmes personnes sont invitées à saisir leur texte avant de prendre connaissance du texte d’aide, puisque leur technologie d’assistance lit les éléments de gauche à droite et de haut en bas pour le français et les autres langues s’écrivant de gauche à droite.

D’un autre côté, je pense que nous, en tant qu’UX writers, ne parlons parfois pas assez de certains principes fondamentaux de l’UX. Je suis un grand fan des 10 heuristiques du Nielsen-Norman Group, qui nous aident à concevoir des interfaces efficaces et intuitives. En particulier, les heuristiques n°2, n°4 et n°9 (« Correspondance entre le système et le monde réel », « Cohérence et standards » et « Aider les utilisateurs et utilisatrices à reconnaître, diagnostiquer et corriger les erreurs »), qui sont étroitement liées à l’UX writing.

Quel est l’argument que tu avances pour aligner tout le monde sur le contenu UX ?

Tout d’abord, je pense qu'il vaut la peine de vérifier que toutes les parties prenantes partagent une compréhension commune du problème à résoudre. Si les discussions commencent à tourner en rond et à inclure un peu trop d’opinions personnelles, c’est le bon moment pour suggérer de faire un test utilisateur, avec au moins 5 personnes représentatives du groupe cible. Et si, pour une raison ou une autre, cela n’est pas possible, une autre stratégie consiste à rappeler aux parties prenantes le diagramme de Venn qui illustre deux cercles : l’un pour les besoins de la clientèle et l’autre pour les besoins de l’entreprise, avec la partie centrale montrant leur zone de recoupement (banco !). Cela peut aider l’équipe à trouver un terrain d’entente qui répond aux priorités spécifiques de chaque partie prenante, tout en restant centrée sur les attentes de ses utilisateurs et utilisatrices.

Un conseil ou des conseils de pro pour une personne qui voudrait se lancer en UX writing ?

Si possible, je recommanderais de suivre une formation en UX writing, comme le programme de l'UX Content Collective pour les anglophones, ou Lorem UX Writing pour les francophones. J’ai également trouvé quelques cours sur l’UX writing sur LinkedIn Learning et Udemy (en anglais), qui peuvent convenir à tous les budgets.

Je conseillerais aussi de lire autant de livres, d’écouter autant de podcasts et de regarder autant de vidéos YouTube que possible sur notre discipline. Et il y a toujours le défi dailyuxwriting.com, que j’ai trouvé à la fois enrichissant et amusant lorsque j’ai commencé à constituer mon portfolio !

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Merci à Brad de s’être prêté au jeu du portrait d’UX writer !

Des UX writers/Content designers que vous aimeriez découvrir ici ? N’hésitez pas à nous suggérer des noms, nous sommes toutes ouïes ☺️

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